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Voici un récit d’une approche réalisée par notre ami Vincent accompagné d’un photographe
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Il y a quelques semaines de ça, mon ami proche, photographe animalier amateur au regard bienveillant et compréhensif sur notre passion qu’est la chasse, me fit part de son désir de tenter une approche sur un chevreuil pour le « shooter » à sa manière de photographe…
Bien conscient qu’en cette période la chasse bat son plein et que les animaux seront particulièrement méfiants, nous décidions que la journée de mercredi serait la plus appropriée car étant un jour peu chassé et avec peu de promeneurs au moins en matinée plus une prévision météo pour le moins favorable à nos pérégrinations photographiques.
Étant avisés sur le fait de déranger les animaux sur leurs territoires, un rapide coup de téléphone la veille à mon très ouvert d’esprit (nous sommes quatre archers parmi les carabiniers et il organise également une chasse au lièvre….à l’aigle Royal….) directeur de chasse, Monsieur Gérard Robin, agriculteur et fin connaisseur du monde cynégétique afin de lui faire part de notre souhait .
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Réponse positive de l’intéressé, un bref rendez-vous fut pris pour le mercredi afin de nous donner quelques indications sur les lieux « stratégiques  » à privilégier.
Nous voilà donc partis arpenter ce territoire que je commence à connaître (un peu plus de 750ha ).
Je sais où sont les petits cervidés que nous recherchons et il fut relativement aisé de les apercevoir.
Malgré tout il nous fallut deux bonnes heures avant de voir nos deux « proies » et de décider que l’approche était envisageable.
Après de longues minutes de jumelage, de repère du vent, nous élaborons peu à peu notre stratégie.
Une approche seul ce n’est déjà pas simple en soi, mais à deux c’est encore plus compliqué…
Les deux chevreuils se trouvaient à une distance estimées de 500m ; nous avons dû parcourir le double afin de bien se positionner pour l’approche finale !
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Ils se trouvaient comme vous pouvez le voir sur les photos en lisière de bois, profitant paisiblement du soleil (Les yeux fermés de la chevrette en disent long sur son état semi léthargique).
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Petit à petit nous nous rapprochons, longeant les bois afin d’être dans l’ombre, puis cachés par des bosquets, rampant de part et d’autre dans la terre argileuse…
Arrivés à une cinquantaine de mètres d’eux, cachés en contrebas du bois par un talus, nous sommes rendus à l’évidence que cela allait devenir de plus en plus difficile.
En effet, plus de bosquets, plus d’ombres et surtout une distance qui était déjà très proche.
Notre seul moyen de rentrer encore plus dans l’intimité de nos deux animaux était de les approcher en avançant directement vers eux car : 
– par le bois ? trop bruyant,
– par le haut ? à mauvais vent,
– par le côté ? trop visible.
Je peux vous assurer, que même sans avoir mon arc, nous nous comportions comme deux prédateurs essayant de reproduire l’approche des félins.
Chaque mouvement se passait au ralenti. Avoir observé le chat de la famille pendant ses chasses me remémorait à quel point la souplesse, le calme, le silence et la patience dont font preuves les félins sont autant d’atouts.
Et à ce moment précis je ne souhaitais qu’une chose m’approcher au maximum d’eux…sans me faire repérer, sans nous faire repérer ! 
 Au fur et à mesure que nous nous rapprochions, chaque mouvement se devait d’être le plus silencieux possible. Mon ami encombré par son appareil photo ne pouvait se mouvoir aussi facilement que moi.
Nous risquions de plus en plus de nous faire repérer mais nous étions aussi surpris de ne pas l’être déjà que, la tentation était trop grande de ne pas continuer encore et encore pour essayer de gagner mètre après mètre.
Tout d’un coup une voix au loin se fit entendre, appelant son chien…
Non ce n’était pas possible, notre si belle approche n’allait pas s’arrêter à cause de ca ?
La réaction des chevreuils ne se fit pas attendre, tout du moins pour la chevrette car le brocard lui semblait rester de marbre.
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Nous étions figés, tels deux pierres, plus aucun mouvement, nous osions à peine respirer.
La voix et le chien s’éloignèrent finalement et la chevrette prit la direction du bois se trouvant sur notre gauche. C’était plutôt une bonne chose car nous pouvions à présent nous rapprocher encore plus du brocard qui lui était de dos.
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Il se trouvait maintenant à 25m de nous. Nous restait la moitié du chemin si nous nous mettions en position de vouloir le flécher.
Les échanges de regards avec mon binôme d’approche se faisaient moins réguliers et une question restait en suspens : quand le brocard allait il nous repérer ? 
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À moins que ce ne soit la chevrette qui était au bois, surement très proche de la lisière ?
Centimètre par centimètre, nous nous rapprochions.
Nous étions maintenant à vingt mètres, puis quinze, ce fut à cet endroit que mon ami Vincent décida de s’arrêter car son objectif ne lui permettait plus d’avoir le brocard dans son champ….trop près ! 
Pour ma part, ma progression avançait ,encore plus près , »toujours plus près »…
Je scrutais le bois régulièrement afin de voir si la chevrette n’était pas toute proche…tension ! 
J’étais à moins de douze mètres ( je le sais c’est ma distance de tir idéale ). Je profitais pleinement de la vue du petit prince des bois et m’imaginais ce que j’allais faire au moment où je serais vraiment très proche…
Soudain un aboiement de chevreuil venu du bois sur notre gauche se fit entendre !
La chevrette apeurée sortit du bois un peu plus haut que le brocard, qui lui était tout à fait tranquille (son miroir était normal) .
Il décida de suivre sa galante en remontant plus haut.
Les aboiements continuaient et cela ne venait pas de la chevrette…il y avait donc un troisième capreolus capreolus que nous n’avions pas distingué.
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C’en était terminé de ce fabuleux moment. Nos deux petits cervidés prirent distance avec nous et trouvèrent refuge comme à l’accoutumée au milieu des champs.
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Nous nous mirent à rire, agenouillés dans la boue, et à nous féliciter de cette belle approche.
Ces moments furent particulièrement formateurs. J’avais déjà constaté que les animaux pouvaient être moins apeurés lorsque nous ne représentions pas une forme familière ni menaçante et ce même en étant tout proche. 
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J’espère avoir réussi par mon récit à vous transmettre nos émotions.
Cela confirme également mon amour de l’approche, ma chasse de cœur qui malheureusement est plutôt difficile à mettre en œuvre facilement en Ile de France. Je ne parle même pas de l’approche en montagne qui pour moi reste le mode de chasse que j’aime le plus et qui paradoxalement est plus simple à obtenir qu’un bracelet de tir d’été….
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